Coréen : phonologie
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Sommaire :
3. Les autres objets de la langue
1. Les sons de la langue
1.1 Consonnes
Les consonnes du français sont notées en noir, celles du coréen en orange (cliquez sur le symbole pour écouter le son).
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Labiale |
Lingual |
Laryngal ou glottal |
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Bilabial |
Labio-dental |
Coronal |
Dorsal |
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Alvéolaire |
Pré-palatal |
Dorso-palatal |
Vélaire |
Uvulaire |
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Occlusif |
Oral |
p b |
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t d |
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k g |
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Nasal |
m |
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n |
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ɲ
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ŋ |
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Affriquée |
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Fricatif et spirant |
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f v
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s z s s˺ |
ʃ ʒ
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χ ʁ
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Liquide |
Latéral |
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l |
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Approximant |
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w ɥ |
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j |
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- En coréen, il n’y a pas de distinction entre [p] et [b], [t] et [d] ou [k] et [g] comme en français. Plus précisément, [b, d et g] sont la façon dont sont prononcés [p, t et k] entre deux voyelles.
⇒ Les locuteurs du coréen ne perçoivent pas la distinction entre [p, t, k] d’une part et [b, d, g] d’autre part. Ils peuvent donc confondre cadeau [kado] et gâteau [gato], guider [gide] et quitter [kite], etc.
- En revanche, il y a une distinction entre trois « p », trois « t » et trois « k ». En effet, les consonnes dites « lenis » [p, t, k] s’opposent aux « fortis » [p˺, t˺, k˺] et aux aspirées [pʰ, tʰ, kʰ]. Par exemple :
Lenis |
Fortis |
Aspirées |
pada ‘mer’ |
p˺ado ‘vague’ |
pʰada ‘creuser’ |
tal ‘lune’ |
t˺al ‘fille’ |
tʰal ‘masque’ |
⇒ Risque que les coréanophones perçoivent, globalement, le [b] du français comme un [p] lenis, et le [p] du français alternativement comme un [p’] fortis ou comme un [pʰ] aspiré.
- En coréen, [l] et [r] sont confondus : [r] est la façon dont on prononce [l] lorsqu’il est entre deux voyelles. Ainsi, le mot signifiant « eau » par exemple » se prononce [mul] lorsqu’il est nu, mais [muɾi] à l’accusatif.
⇒ Peu de risque que les coréanophones confondent le [l] du français et le [ʁ] du français, qui sont très différents. Mais risque qu’ils prononcent [r] à la place de [l] en français (prononcer [pali] comme [pari], ce qui amène leur interlocuteur à entendre parie à la place de pâlit).
- En coréen, [f] comme dans fou, [v] comme dans vous, [ʃ] comme dans chou et [ʒ] comme dans joue n’existent pas.
⇒ Risque que les coréanophones aient des difficultés à percevoir ces sons, et donc à les reproduire correctement.
1.2. Voyelles
Les voyelles du français sont notées en noir, celles du coréen en orange (cliquez sur le symbole pour écouter le son).
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Antérieures |
Centrales |
Postérieures |
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Non-arrondies |
Arrondies |
Non-arrondies |
Non-arrondies |
Arrondies |
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Fermées |
i |
y
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|
u |
Mi-fermées |
e |
ø
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ə
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o |
Mi-ouvertes |
ɛ ɛ̃ |
œ œ̃
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ɔ ɔ̃ |
Ouvertes |
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a |
ɑ ɑ̃
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- Les voyelles [y] de bu, [ø] de bleu, [œ] de sœur n’existent pas en coréen.
⇒ Risque que ces voyelles soient perçues comme la voyelle du coréen « la plus proche », et donc risque qu’elles soient difficiles à apprendre.
- Les voyelles nasales comme [ɑ̃] de dans, [ɔ̃] de bon, [ɛ̃] de brin et [œ̃] de brun n’existent pas en coréen.
⇒ Risque que les coréanophones n’entendent pas « dans » mais « da », « bon » mais « beau », etc.
⇒ Risque qu’ils n’entendent pas la différence entre à, an, on, hein et un. Et donc qu’ils n’arrivent pas non plus à les reproduire.
- [e] de fée et [ɛ] de fait sont en variation libre en coréen, c’est-à-dire qu’un coréanophone prononce indifféremment l’un et l’autre.
⇒ Risque que les coréanophones aient des difficultés à entendre et reproduire cette distinction du français (par ex., confusion entre certains mots comme été vs. étais ou encore mémé vs. m’aimait).
- Les voyelles « complexes » dans les mots baille, raye ou rouille par exemple, n’existent pas en coréen.
⇒ Risque qu’un coréanophone les prononce en deux syllabes « ba-i » [ba’i], « rè-i » [rɛ’i] et « rou-i » [ru’i].
2. Les types de syllabes
Français |
CV |
CVC |
V |
VC |
VCC |
CCV |
CCVC |
CVCC |
CCVCC |
CCCVC |
CCCVCC |
Exemples |
[la] la |
[lak] lac |
[a] à |
[ɔʁ] or |
[aʁk] arc |
[kʁi] cri |
[tʁyk] truc |
[list] liste |
[pʁɛtʁ] prêtre |
[stʁat] strate |
[stʁikt] strict |
Coréen |
CV |
CVC |
V |
VC |
-
Les syllabes qui contiennent deux (ou plus) consonnes de suite ne sont pas possibles en coréen, tandis que le français peut aisément concaténer plusieurs consonnes à la suite.
⇒ Risque que les coréanophones suppriment une consonne ou insèrent une voyelle [ɨ] entre chaque consonne (comme dans les emprunts au français : grand, qui a deux consonnes de suite, prononcé [kɨraŋ] ; ou Carmen prononcé [k’arɨmen]). Les suites de consonnes devront donc faire l’objet d’un apprentissage spécifique.
-
Les consonnes en fin de syllabe sont prononcées seulement « à moitié » : la bouche fait la forme du son mais n’expulse pas l’air, ce qui les rend difficiles à percevoir pour nous les francophones. En fin de syllabe, p, p’ et pʰ seront tous prononcés [p˺], t, t’, tʰ, ʧ, ʧ’, ʧʰ, s et s’ seront tous prononcés [t˺] et k, k’ et k˺ seront tous prononcés [k˺]. Le symbole ˺ signifie que la consonne est prononcée sans relâcher l’air.
⇒ Parce qu’ils n’ont pas l’habitude d’entendre une consonne finale avec une petite explosion d’air comme en français, il y a un gros risque que les coréanophones perçoivent – et donc reproduisent – une voyelle après la consonne, comme par exemple dans les emprunts au français : Edith (Piaf) prononcé [edit’ɨ].
3. Les autres objets de la langue
Le coréen ne contient ni tons ni accents.
Lectures complémentaires :
Han, Mun-Hi, 2011. « Fautes de prononciation des Coréens apprenant le français et correction phonétique » in Synergies Corée 2, pp. 73-82.
Auteur : Mathilde Hutin