Tamoul : phonologie

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  1. Les sons de la langue

Le tamoul comprend 18 consonnes, 10 voyelles (5 longues et 5 brèves) et 2 diphtongues.

 

    1. Consonnes

 

 

Labiale

Lingual

Laryngal ou glottal

Bilabial

Labio-dental

Coronal

Dorsal

Pharyngal

 

Dental

Alvéolaire

Pré-palatal

Apico-palatal

Alvéo-palatal

Dorso-palatal

Vélaire

Uvulaire

 

 

Occlusif

Oral et nasal

p b m

p (b) m

 

 

t̪  (d̪)

t d n

- - n

 

 

ʈ [(ɖ)]

ɳ

 

c ɉ ɲ

c ɲ

k g ŋ

k (g) -

 

 

 

Affriquée

 

 

 

 

 

ʧ (ʤ)

 

 

 

 

 

 

 

Fricatif et spirant

 

 

[β] -

f v

(f) -

 

[ð]

s z

[s] (z)

ʃ ʒ

 

 

 

 

 

χ ʁ

 

 

 

[h]

Latéral

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Liquide

Latéral

 

 

 

l

 

 

 

ɭ

 

 

 

 

 

 

Vibrant

 

 

 

 

(ɾ)

[(r)]

 

 

 

 

 

 

 

 

Approximant

 

w

[w]

ɥ

ʋ

 

 

 

ɭ

ɻ

 

 

 

j

j

ɥ

w

[w]

 

 

 

 

Remarques générales : De très nombreuses remarques sont de mise quant à l’inventaire des consonnes du tamoul.

Tout d’abord, le tamoul comprend une variété de sons qui n’existent pas en français :

  • [t] et [d], qui sont réalisés en français en posant la lame de la langue sur les alvéoles (le bourrelet juste derrière les dents), est réalisé dental en tamoul, mais cette distinction est mineure ;

  • les apico-palatales, aussi appelées rétroflexes, sont produites en posant le bout de la langue (ou apex) très haut sur le palais. Attention, s’ils apparaissent à des francophones comme des variantes un peu étranges de t, d, n ou l, ces sons sont distinctifs en tamoul. Cela signifie que, toutes choses égales par ailleurs, un mot avec un t « normal » et un mot avec un t « rétroflexe » auront deux sens différents. Ainsi, [kutti], « ayant frappé » vs. [kuʈʈi], « petit d’un animal ».

  • Par ailleurs, le tamoul distingue le [k] vélaire et le [k] palatal. Le premier est le [k] de « cas » en français, le second est le [k] de « qui », prononcé un peu plus en avant sur le palais. Si ces deux sons ne sont pas distinctifs en français, ils le sont en tamoul. Ainsi, [cuɳʈu], « lèvres » vs. [kuɳʈu], « trou ».

  • Enfin, le tamoul comprend l’affriquée [ʧ] (comme dans le français « tchou tchou ») et sa contrepartie voisée [ʤ] (comme dans le français « jazz ») ; des liquides « battues » comme les « r » de l’espagnol et des approximants nombreux : [j] comme dans le français « yeux » mais aussi [ʋ], [ɭ] et [ɻ] qui n’existent pas en français.

  • Attention : la plupart de ces consonnes peuvent être « géminées » : cela signifie qu’on peut redoubler la consonne, par ex. [t] vs. [tt]. Encore une fois, cette distinction est distinctive en tamoul, alors qu’elle ne l’est que rarement en français : ainsi, [paaku], « gros sucre » vs. [paakku], « noix d’arec ».

De plus, les sons entre parenthèses n’apparaissent que comme des variantes possibles de leur contrepartie non-voisée (p pour b, d pour t, etc.) et ce dans des contextes très précis, à savoir, avant ou après une consonne nasale (soit, en tamoul, [m], [n], [ɳ] ou [ɲ]). Ainsi, [nindu], « nager ». De même, les consonnes entre crochets sont des variantes d’autres sons lorsque ceux-ci se trouvent entre deux voyelles. Ainsi, [uudu], « souffler ».

 

Difficultés pour apprendre le français : Les difficultés pour apprendre le français sont nombreuses pour un locuteur du tamoul. La plus importante est sans doute que les consonnes voisées n’existent en tamoul qu’en distribution complémentaire avec leurs allophones non voisé. Il est donc très probable qu’un locuteur du tamoul n’entende pas la distinction en [t] et [d] ou [k] et [g] par exemple, mais qu’il entende plutôt les premiers à l’initiale de mot et les seconds à l’intérieur du mot, quel que soit le son effectivement prononcé en français. De même lorsqu’une consonne nasale (en français [m], [n], [ɲ] et éventuellement [ŋ]) se trouve avant ou après /p/, /t/, /k/, ces derniers seront prononcés /b/, /d/, /g/ : les élèves pourraient donc, notamment, avoir du mal à entendre la différence entre, par exemple, sa balle et cent balles, tous deux réinterprétés comme /sambal/.

 

 

    1. Voyelles

 

 

Antérieures

Centrales

Postérieures

Non-arrondies

Arrondies

Non-arrondies

Arrondies

Non-arrondies

Arrondies

Fermées

i

i

y

 

 

 

 

u

u

 

ɪ

 

 

 

 

 

ʊ

Mi-fermées

e

e

ø

 

ə

ə

 

 

o

o

Mi-ouvertes

ɛ ɛ̃

ɛ

œ œ̃

 

 

 

 

ɔ ɔ̃

ɔ

Ouvertes

 

 

 

 

 

 

 

 

a

a

 

ɑ ɑ̃

 

 

 

Remarques générales : Les voyelles du tamoul se divisent en deux catégories : les longues (i, u, ɛ, ɔ et a) et leur contrepartie brève (ɪ, ʊ, e, o et ə). La longueur est phonémique en tamoul : cela veut dire que, toutes choses égales par ailleurs, un mot avec la voyelle longue et un mot avec sa contrepartie brève ne signifieront pas la même chose (alors qu’en français, on peut rallonger une voyelle pour des raisons diverses sans changer le sens du mot !). Ainsi, [iʈu], mettre vs. [iiʈu], être sujet à ; [kuʈi], (tu) bois vs. [kuuʈi], ayant joint/rejoint ; [peʈʈi], boîte vs. [peeʈʈi] = entretien ; [kol], tuer vs. [kool], bâton et [manam], esprit vs. [maanam], respect de soi.

Par ailleurs, le tamoul présente les diphtongues [aj] et [aw], mais la seconde est rare.

 

Difficultés pour apprendre le français : Le tamoul ne connait pas les voyelles nasales [ɑ̃] (comme dans le français « flanc »), [ɛ̃] (comme dans le français « crin ») et [ɔ̃] (comme dans le français « bon »).

De même des voyelles arrondies antérieures [y] (comme dans le français « bu »), [ø] (comme dans le français « jeu ») et [œ] (comme dans le français « beurre »). Cependant, leur contrepartie non arrondie existent, et il est par conséquent facile d’apprendre à les prononcer : il suffit de produire [i], [e] et [ɛ] respectivement avec les lèvres arrondies comme dans « ou ».

Enfin, il n’y a pas d’opposition significative entre les voyelles moyennes [ε] (« bête ») vs. [e] (« fée ») et [ɔ] (« bonne »] vs. [o] (« beau »). Néanmoins, on peut considérer que les voyelles semi-ouvertes [ε] et [ɔ] sont les contreparties brèves de [e] et [o] respectivement.

 

 

  1. Les types de syllabes

 

Le tamoul peut présenter des syllabes de type CV, V et CVC.

 

Remarques générales : Les syllabes CVC sont restreintes à quelques cas bien définis : la dernière consonne d’une syllabe peut-être :

  • n’importe quelle consonne sauf [r] et [ɻ] si la syllabe est la première du mot,

  • n’importe quelle consonne si la syllabe est la syllabe du milieu du mot,

  • seulement les nasales (m, n, ɳ, ŋ) et les liquides (l, ɭ, ɻ, r) lorsque la syllabe est la dernière syllabe du mot.

Les segments longs, qu’il s’agisse de voyelles ou de consonnes, sont possibles. Ainsi, on peut trouver deux voyelles ou deux consonnes de suite, mais il s’agit en réalité d’un allongement de la première.

 

Difficultés pour apprendre le français : Le français fait très peu de géminées et jamais de voyelles longues. Néanmoins, il peut concaténer plusieurs consonnes de suite, ce qui peut présenter des problèmes pour les apprenants dont la langue maternelle n’en comprend pas. Cela signifie que des mots comme « apte », « strict », « acteur », etc. seront difficiles à prononcer pour les locuteurs du tamoul, et surtout du tamoul informel, qui ne comprend aucune consonne finale de syllabe.

 

 

  1. Les autres objets de la langue

 

Rien de notable.

 

Remarques générales : Aucune.

 

Difficultés pour apprendre le français : Aucune.