Saamaka

Informations générales

Le saamaka (SAA) est une langue créole parlée par environ 50.000 personnes réparties entre le Suriname, où il s’est formé, et des communautés immigrées en Guyane française et aux Pays-Bas. Le lexique du SAA est à 50% d’origine anglaise, à 35% d’origine portugaise, le reste provenant de langues africaines (surtout fongbe et kikongo), des langues amérindiennes environnantes et du néerlandais, langue officielle du Suriname. La dualité anglo-portugaise résulte de l’histoire mouvementée de la région. Les débuts de la langue remontent à la période où l’actuel Suriname fut une colonie britannique, de 1651 à 1667, avant d’être cédé (en échange de New York) aux Hollandais qui le gardèrent jusqu’en 1975. Des colons anglais y établirent des plantations pour lesquelles plusieurs milliers d’esclaves furent « importés » d’Afrique, souvent indirectement via les Antilles. La forêt amazonienne facilitait le marronnage (les évasions). Bientôt, des communautés de marrons (esclaves fugitifs) politiquement organisées s’installèrent le long du fleuve Saramacca (d’où le nom anglais de la langue, Saramaccan), emportant avec elles une variété créolisée d’anglais. L’autre événement décisif fut la perte par les Hollandais de leur colonie du nord du Brésil, en 1661, après une longue guerre contre les Portugais. Parmi les colons, beaucoup étaient des marranes (juifs portugais officiellement convertis), qui s’étaient d’abord exilés au Brésil où la suspicieuse Inquisition était moins présente, puis dans la colonie hollandaise où on leur permettait de pratiquer à nouveau le judaïsme. Devant le retour des Portugais, ils s’enfuient vers le nord, emmenant avec eux leurs esclaves africains. Ils arrivent au Suriname entre 1664 et 1665. Là, bon nombre de leurs esclaves, locuteurs d’une variété créolisée de portugais, marronnent à leur tour et vont se joindre aux communautés africaines reconstituées de l’intérieur du pays. Celles-ci continuent de s’accroître et de faire la guerre aux colons, au point qu’en 1684 les autorités hollandaises signent avec elles un premier traité de paix, à la condition qu’elles n’accueillent plus de fugitifs.

Il existe deux variétés principales, assez différenciées pour qu’on puisse y voir deux langues distinctes, parlées par les communautés des Saamaka et des Matawai.

 

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